Résumé 
 
Le titre de cette présentation introductive à mon travail de recherche postdoctoral possède un double sens. Tout d’abord, cela illustre deux aspects fondamentaux de la création musicale de Clara Iannotta caractéristiques de sa série d’œuvres Dead Wasps in the Jam Jar (2014–15 ; 2016 ; 2017–18) et Troglodyte Angels Clank By (2015) : sa tendance à construire et/ou modifier les instruments de musique traditionnels via divers stratagèmes ; la création d’un univers sonore personnel qui se définit au fil des compositions. Cela exprime également la situation du chercheur qui s’intéresse à un compositeur encore vivant mais dont l’œuvre n’a pas encore fait l’objet d’étude approfondie. L’expérience acquise au cours de mes recherches passées – sketch studies, étude des correspondances et écrits de compositeur – ne peut empêcher le sentiment de défamiliarisation : quel objectif peut avoir une « reconstruction » du processus créateur lorsque que l’artiste peut y répondre ? Quel est le rôle du musicologue lorsqu’il assume pleinement son désir de collaborer avec l’artiste ? Comment parvenir à maintenir la distance nécessaire à la construction d’une réflexion objective quand la relation humaine est un paramètre fondamental de l’investigation ? From scratch and scraps, à partir de brouillons, partitions et de bribes de conversation avec Iannotta, je poserai les bases des différentes trajectoires que j’envisage de poursuivre au cours des mois à venir. Votre avis, même si extérieur à ma discipline, sera le bienvenu.
 
Biographie
Mylène Gioffredo est diplômée d’un PhD en Théorie Musicale de la Schulich School of Music, McGill University (Canada). Combinant son savoir-faire d’historienne, de théoricienne, analyste et « sketch studies scholar », Gioffredo a pour ambition de révéler certains aspects de la « nouvelle sensibilité » caractéristique de la production musicale contemporaine depuis 1945. Après avoir pris comme objet d’étude les compositions de Luigi Dallapiccola, Luciano Berio, Claude Vivier et l’odyssée sérielle des années 1950, c’est la production de la compositrice italienne contemporaine Clara Iannotta qui se trouve au cœur de son projet post-doctoral.