Première journée d’étude de l’action structurante « Sons, Musique, Thérapie » de PRISM.

Mercredi 29 mai, salle de réunion de PRISM, Campus Joseph Aiguier. Cette première journée d’étude (interne à l’UMR-PRISM) fait un point détaillé du programme « Sons, Musique, Thérapie » dans ses multiples approches disciplinaires et paradigmatiques. Elle consiste également en une expérimentation « in vivo » des modalités, conditions et prérequis du développement d’une large interdisciplinarité dans le cadre du projet spécifique de l’unité, joignant la réflexion théorique aux problématiques empiriques.

 

PREMIÈRE JOURNÉE D’ÉTUDE DU PROJET SoMuThé :
« SONS, MUSIQUES, THÉRAPIES »

Mercredi 29 Mai 2019
CNRS – Campus Joseph Aiguier, Marseille

Salle de réunion de PRISM

Organisée par Jean Vion-Dury, Gaëlle Mougin, Mitsuko Aramaki.

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A propos de cette journée.

Cette première journée est fondamentalement exploratoire. Elle a pour but plus précisément de saisir à quel point cette problématique complexe de l’effet thérapeutique des sons et de la musique renvoie à de multiples approches, toutes différentes, mais également toutes liées. Ce serait illusoire – et au fond peu productif en première instance – que de tenter une approche trop rigide, protocolaire, pour évaluer les effets thérapeutiques de la musique ou des sons. N’oublions pas que « thérapeutique » est emprunté au grec θ ε ρ α π ε υ τ ι κ ο ́ ς « qui prend soin de », « qui concerne le soin qu’on prend de quelqu’un ou de quelque chose » et au substantif θ ε ρ α π ε υ τ ι κ η ́ « l’art de prendre soin ». Or prendre soin, avoir le souci (sorge, en allemand), la préoccupation de l’autre, est de l’ordre de l’éthique et de l’ontologie et non de la science expérimentale, dans son acception conventionnelle.

En effet, la pétition de principe qui sous-tend le projet SoMuThé, par essence phénoménologique (« qu’est-ce que cela me fait de vivre cela ? » – et il s’agit là d’une variante de la question de Nagel à propos de la chauve-souris -), ne peut s’accommoder d’une méthode en explication, mais doit composer avec une approche compréhensive globalisante. Ce qui relève de l’expérience consciente n’est pas une chose objectivable ou mesurable par la méthode scientifique, mais doit se penser comme témoignage, comme mode de compréhension de l’intersubjectivité, comme saisie du monde de l’autre et de ses changements. En d’autres termes, il n’est absolument pas certain qu’une approche scientifique (par mesures et recherches de régularités à tendances universelles) soit véritablement utile, en particulier pour ce qui concerne la musique, dès lors qu’elle ne montrera que des indices lointains de processus plus profonds, logés dans la vie consciente ou inconsciente, dans les complexités d’une gestalt de vie à chaque instant mouvante et fluante, enracinée dans un passé personnel et transgénérationnel, dans la respiration de l’élan vital et des affects primordiaux. On pourrait même se demander si une approche scientifique conventionnelle n’éloignerait pas du but recherché, en grossissant des détails marginaux et en faisant perdre les liens subtils qui se tissent pour que naisse le « je-ne-sais-quoi et le presque rien ». Sans doute pour les sons la difficulté est moins grande et la méthode scientifique plus pertinente, au moins jusqu’à un certain point, celui du remplissement imaginaire généré par le son entendu.

Car, face à un sujet si complexe, qui plus est prédéterminé par l’affirmation réitérée et assumée que l’effet de la musique passe par des changements des configurations de la vie consciente, il nous faut alors penser une méthode de travail orthogonale aux approches neurocognitives et/ ou musicologiques. Il serait inutile, dans le cadre de ce projet SoMuThé, de se lancer dans une étude empirique supplémentaire du style « effet de la musique ou des sons chez les patients atteints de psoriasis ou chez les vieillards cacochymes ». On sait de toutes les manières que ça marche et que des centaines d’études et de pratiques ont presque épuisé le sujet. Il nous faut là aussi éviter le psittacisme rassurant et oser ouvrir les fenêtres à d’autres modes de pensée que la conception naturaliste du monde.
Ce qui nous importe dans le projet SoMuThé c’est de proposer une métaréflexion pluridisciplinaire sur ce qui se passe dans la vie consciente (réflexive ou d’arrière-fond) et qui fait que la musique ou les sons soignent, ou au moins sont en mesure d’apporter du bien-être.C’est pour cela que nous tentons, en même temps de trouver la méthode d’une telle approche qui dépasse et synthétise les approches empiriques conventionnelles, neurocognitives ou cliniques.
Cette méthode qui va lier les différents points de vue, est la méthode des « saillances/résonances » dont le but est de mettre en évidence les liens intimes entre les approches et les modes de pensée, pour arriver à l’essence même de l’objet de pensée. Cela a à voir avec la méthode des variations eidétiques (d’essence) de la phénoménologie.

C’est aussi pourquoi nous avons voulu donner la parole à des approches d’art-thérapie, ethnologiques, pharmacologiques, artistiques, sociétales qui, elles aussi, semblent reliées à ce processus généralisé de thérapie par changement des contenus et des formes de la vie consciente.

Nous vous convions donc à une journée de déambulation intellectuelle au sein des résonances intimes qui apparaissent dans cette thématique et qui répondent elles aussi aux résonances intimes de notre être face à l’écoute, l’entente et l’entendement.

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Programme.

Les communications sont de 15 minutes (15 diapos max) avec 5 minutes de discussion.

9 h. Accueil

9 h 30. Jean Vion-Dury. Présentation de la journée. Le projet SoMuThé : une action structurante sans structure.

10 h. Mitsuko Aramaki : « Son, thérapie et bien-être ». Bilan et perspectives.

10 h 20. Coline Bistos : Bilan bibliographique des effets thérapeutiques de la musique.

10 h 40. Caroline Boë : Du désir d’écouter l’eau.

11 h. Pause

11h 20. Mathilde Meissirel : Contenus de l’expérience consciente dans le neurofeedback.

11 h 40. Manuel Dias Alvez : Écoute musicale dans les états dissociatifs pharmaco-induits.

12 h. Karine Bartalucci : La voix chantée : support d’apprentissage pour les enfants polyhandicapés ?

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Repas
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14 h 30. Jean Pierre Moreau : « Transformer et en transformant se transformer, l’œuvre comme projet ».

14 h 50. Wu Chao : « Awakening végétative patient via artistique stimulation project ». Présentation de vidéos.

15 h 10. Elodie Olmi : Bénéfices des arts plastiques en médecine ambulatoire : exemple d’une application simple.

15 h 30. Ezin Pierre Dognon : Les rites, l’oralité et le verbe à travers la musique de Pépé Oléka.

15 h 50. Pause

16 h 10. Sylvain Brétéché : Interactions Musique-surdité : multimodalité de l’expérience musicale sourde.

16 h 30. Marine Maupoint de Vandeul : Effets quantitatifs de la stimulation auditive selon la méthode d’Alfred Tomatis.

16 h 50. Fanny Sapiega : Étude comparative de l’appréciation par les soignants de l’effet de l’hypnose et la musicothérapie chez des patients atteints de démence de type Alzheimer.

17 h 10. Discussion générale, perspectives.

18 h. Fin.

Publié le 24 mai 2019