Soutenance de thèse de Samuel Poirot

vendredi 03 décembre 2021 14h00

Laboratoire PRISM - salle de conférence P. Desnuelle, Campus J.Aiguier 13009, Marseille

Thèse mention ‘Acoustique’
« Des non-linéarités physiques à la perception sonore »

Résumé de la thèse :
La synthèse numérique des sons a connu ces dernières années une évolution significative qui permet de reproduire des percepts sonores complexes de façon réaliste en s’appuyant sur des modèles physiques et de signaux. Les enjeux scientifiques se situent désormais au niveau des stratégies pour un contrôle intuitif des processus de synthèse sonore dont la manipulation et le réglage demande le plus souvent une grande expertise. Il s’agit de proposer des stratégies de contrôle prenant en compte les relations liant la physique des sources sonores, la morphologie des signaux rayonnés et leur perception.

D’autre part, l’essor des environnements interactifs requiert de concevoir des modèles dynamiques et peu coûteux en temps de calcul plutôt que de reproduire le plus fidèlement possible la réalité physique. L’aspect dynamique dans la production sonore est principalement porté par les phénomènes non-linéaires qui induisent des modifications du comportement de la source lorsque la sollicitation change. La prise en compte de ces phénomènes dans la conception des processus de synthèse doit permettre d’améliorer les capacités d’expression de l’utilisateur, et la conception de modèles simplifiés pour la synthèse de sons correspondant à des cas fortement non-linéaires, notamment pour le cas des gongs et cymbales, constitue également un enjeu.

Le travail effectué dans cette thèse a pour objectif de concevoir un modèle pour la synthèse de son d’environnement prenant en compte les phénomènes non-linéaires intervenant dans la modélisation physique des sources sonores. Nous cherchons à proposer un modèle simplifié du signal sonore en adéquation avec la perception humaine. La méthodologie suivie consiste à :
– générer un corpus par la simulation physique de sources sonores dont le comportement non-linéaire est représentatif de percepts sonores préalablement classifiés ;
– déterminer les morphologies sonores correspondantes à partir de l’analyse des signaux non-stationnaires du corpus ;
– concevoir un modèle de signal simplifié cohérent avec la perception ;
– évaluer et calibrer la transcription du phénomène dans le modèle de signal à l’aide de tests d’écoute ;
– faire évoluer le modèle de signal et proposer des stratégies de contrôle intuitif des processus de synthèse.

Après avoir précisé le contexte et les enjeux de ce sujet, nous présentons la génération d’un corpus de sons et les déterminations des morphologies sonores associées pour deux cas de figures caractéristiques des phénomènes non-linéaires dans la production des sons solidiens : la perturbation des vibrations d’une corde raide par un obstacle rigide et les vibrations d’une plaque mince pour de grandes amplitudes de vibrations élastiques. Nous en avons déduit qu’un aspect commun à ces deux cas de figure était les transferts d’énergie vers les hautes fréquences.

Nous proposons ensuite un modèle de signal pour les transferts d’énergie entre les modes et son utilisation pour la synthèse de son correspondant à des phénomènes non-linéaires. Enfin, nous évaluons la transcription des phénomènes par le modèle de signal à l’aide de tests d’écoute et nous calibrons le modèle pour proposer un contrôle intuitif des processus de synthèse développés pendant la thèse. Ce travail d’évaluation perceptive de la retranscription des événements sonores nous permet d’envisager la synthèse de sons inouïs portant un sens : les métaphores sonores.

 

Direction de thèse : Richard Kronland-Martinet (PRISM, CNRS), Stefan Bilbao (Université d’Edimbourg)
Rapporteurs : Stefania Serafin (Université de Copenhague), Philippe Depalle (Université McGill)
Examinateur : Sylvain Marchand (Université de La Rochelle)

Publié le 27 novembre 2021